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l’espace séparés des corps, la chose ne peut être ni en mouvement, ni en repos, comment y est-elle ? Si elle ne peut être ni en haut, ni en bas, quelle y est sa position ? C’est qu’il est impossible qu’une chose soit dans l’espace ou dans le vide, quand on suppose le vide et l’espace séparés de tout et permanents. La partie d’une chose, à moins qu’on ne la suppose isolée du tout dont elle fait partie, ne peut pas être dans l’espace ; elle est seulement dans le tout auquel elle appartient. Mais, si l’espace n’est pas indépendant et séparé des corps, le vide ne l’est pas plus que lui.

Loin qu’on ait raison de croire que le vide est absolument nécessaire au mouvement, je dirais bien plutôt que le mouvement n’est plus possible, du moment que le vide existe ; car, de même que certains philosophes ont expliqué l’immobilité de la terre par l’égalité de la pression qu’elle reçoit de tout ce qui l’entoure, de même il faut que, dans le vide, tout soit en un complet repos ; car, dans le vide, il ne peut pas y avoir un lieu vers lequel le corps doive se mouvoir plutôt que vers tout autre, puisque, dans le vide, on ne peut pas distinguer de différence. En effet, il faut se bien rappeler que tout mouvement est, ou naturel, ou forcé ; et, s’il y a un mouvement forcé, c’est une nécessité qu’il y ait corrélativement un mouvement naturel. Or, le mouvement forcé ne vient qu’après le mouvement qui est selon la nature ; par conséquent, si l’on suppose que, pour les éléments, il n’y a plus de mouvement naturel et spontané, on peut eu conclure qu’ils n’ont plus dés lors aucune espèce de mouvement. Mais comment dans le vide, où il n’y a plus aucune différence possible, non plus que dans l’infini, pourra-t-il