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incomplètes ne démontrent pas du tout l’existence du vide et sa nature ; elles ne font que répondre aux plus vulgaires notions sur ces matières. Ces théories, dont nos philosophes paraissent satisfaits, ne sont donc pas aussi difficiles à réfuter qu’ils se l’imaginent.


XI.


Je répète de nouveau qu’il n’y a pas de vide en dehors des choses, comme on l’a si souvent prétendu. Ce n’est pas le vide qui fait que les éléments ont une tendance naturelle à se porter dans les lieux qui leur sont propres, le feu en haut, la terre en bas ou plutôt vers le centre. Mais, si le vide n’est pas cause de cette tendance, de quoi est-il donc cause, puisqu’on le faisait surtout la cause du mouvement dans l’espace, et qu’il est prouvé qu’il ne l’est pas ? En second lieu, si le vide n’est pas autre chose que l’espace privé de corps, on peut demander : Quelle sera la direction d’un corps qui sera placé dans le ville ? Ce corps ne peut aller certainement dans toutes les parties du vide ; il doit y prendre une direction, allant dans un sens plutôt que dans l’autre. Et, alors, nous faisons ici, contre l’existence du vide, la même objection que nous faisions plus haut contre l’existence de l’espace, conçu comme séparé des corps qui s’y meuvent. Comment le corps, qu’on suppose dans le vide, pourra-t-il s’y mouvoir ? Comment pourra- t-il y rester en repos ? Nous avons dit aussi, pour l’espace considéré isolément des corps, qu’il ne peut pas y avoir de haut et de bas ; nous en disons autant du vide, puisque ceux qui admettent son existence, le regardent comme de l’espace d’un certain genre. Mais alors, si dans le vide et dans