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non plus nécessaire pour comprendre que les corps se condensent et se rapprochent ; car ce phénomène peut avoir lieu par l’expulsion de certaines de leurs parties, comme l’air s’échappe de l’eau quand on la presse dans les outres où elle est renfermée.

J’ajoute que les corps peuvent s’accroître autrement qu’on ne le disait ; car il n’est que faire qu’on y introduise quelque chose d’étranger, et il suffit d’une simple modification intérieure, par exemple, lorsque l’eau de-vient de l’air, et qu’elle prend un vaste développement. À parler d’une manière générale, la théorie du vide, tirée du phénomène de l’accroissement des corps, ou de l’eau versée dans la cendre, n’est pas soutenable ; car, elle conduit à des conséquences toutes plus absurdes les unes que les autres. Ainsi, on arrive à dire que certaines parties du corps qui ne sont pas vides, ne s’accroissent pas, tandis qu’au contraire il est avéré que toutes, sans exception, s’accroissent quand le corps lui-même s’accroît. On arrive à dire que l’accroissement ne peut pas résulter de l’adjonction d’un corps matériel, ce qui n’est pas moins contraire à l’observation ; que deux corps peuvent être dans un seul et même lieu, si l’on admet que la partie du corps qui se nourrit est aussi bien pleine que les aliments qu’il prend ; et, enfin, que le corps doit être nécessairement vide dans toutes ses parties, si l’on admet qu’il s’accroisse de toutes parts, et que le vide soit indispensable à cet accroissement. Telles sont les contradictions que l’on risque en soutenant l’existence du vide, et les mêmes raisonnements s’appliqueraient au phénomène de la cendre imbibée d’eau, puisque là aussi, on suppose du vide, et qu’un corps est mêlé à un autre. Mais ces explications