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corps, il doit être évident pour nous que dans ce sens le vide n’existe pas autrement que l’espace, ni comme inséparable des corps ni comme séparable, puisque le vide n’est pas non plus un corps, et qu’il serait bien plutôt l’intervalle qui sépare et isole les corps les uns des autres. Ainsi, le vide ne semble être quelque chose que comme l’est l’espace lui-même, et par les mêmes motifs ; car le mouvement de locomotion dans l’espace est admis tout aussi bien, et par ceux qui soutiennent que l’espace est distinct des corps qui s’y meuvent, et par ceux qui admettent l’existence du vide. Le vide par la cause du mouvement, en tant qu’il est le lieu où le mouvement se passe ; et c’est là précisément le rôle que prêtent aussi à l’espace d’autres philosophes, qui repoussent la réalité du vide.

Quant à nous, nous ne croyons pas du tout que le vide soit une condition indispensable à la possibilité du mouvement, ni que le vide soit la cause de toute espèce de mouvement, quel qu’il soit. C’est là une remarque qui a échappé à l’attention de Mélissus ; car le plein lui-même peut encore changer et avoir un mouvement, par suite d’ une simple altération, sans qu’il y ait de déplacement dans l’espace. Mais il n’est pas même besoin de supposer le vide pour que cette dernière espèce de mouvement puisse avoir lieu ; car il se peut fort bien que tout étant plein, les corps se remplacent successivement les uns les autres, sans qu’il y ait un espace séparable et distinct des corps qui se meuvent. C’est là ce qu’on peut voir dans les rotations des corps solides et continus, aussi bien que dans celles des liquides qu’on fait tourner avec le vase qui les contient. La supposition du vide n’est pas