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en dehors du monde, entre dans le ciel, et le ciel a alors une sorte de respiration. Ils ajoutent que le vide est ce qui sépare les choses et limite leurs natures diverses, le vide leur paraissant être placé entre les corps pour les isoler, et faire leurs délimitations réciproques. À en croire les Pythagoriciens, c’était d’abord dans les nombres qu’on pouvait observer le vide ; car c’est le vide qui détermine leur nature propre et leur abstraction.

Voilà à peu près les idées qu’on a. émises dans un sens ou dans l’autre, pour affirmer ou pour nier l’existence du vide.


IX.


Pour savoir discerner la vérité entre ces deux opinions contraires sur le vide, il est, bon de connaître d’abord, précisément ce que signifie le mot lui-même. Généralement, on entend par vide un espace où il n’y a rien. Cette idée vient de ce que l’on confond toujours l’être et le corps ; tout ce qui existe a un corps, et tout corps est dans un lieu ; donc le vide est l’espace où il n’y a aucun corps que nos sens puissent percevoir ; et s’il y a un espace où il n’y a plus de corps sensible, on dit que c’est le vide. D’autre part, comme on suppose toujours qu’un corps peut être touché, et que la tangibilité est la propriété essentielle de tout ce qui est pesant ou léger, on en arrive à conclure que le vide est ce dans quoi il n’y a plus rien de léger ni de pesant. Telles sont à peu près les notions qu’on se fait du vide, en raisonnant sur cette idée ainsi que nous l’avons déjà dit. On sait d’ailleurs, qu’il serait absurde de soutenir que le point est le vide,