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Par conséquent, si plusieurs choses égales peuvent être dans un seul et même lieu, plusieurs choses inégales pourront y être tout aussi bien.

C’est ainsi qu’on essaie de démontrer le vide ; et ce qu’il y a de singulier, c’est que ce sont là les mêmes principes par lesquels Mélissus prétend démontrer que l’univers est immobile ; « car, disait-il, pour que l’univers se meuve il faudrait du vide ; or, on ne peut soutenir que le vide existe ; donc l’univers ne se meut pas. » Mais, je laisse Mélissus, et je reviens à mon sujet. Après avoir prouvé l’existence du vide de cette première manière, nos philosophes le démontrent encore d’une autre façon. Ils observent qu’il y a des corps qui se contractent et se condensent. Ainsi un tonneau est plein de vin ; on met le vin dans des outres ; et les outres pleines de vin tiennent encore dans le tonneau. Il y a donc condensation du vin ; il rapproche en quelque sorte les vides qui se trouvaient à son intérieur. Si l’on prend d’autres faits, il parait bien que le développement des êtres qui s’accroissent ne peut se faire qu’a la condition du vide. Ainsi les aliments qu’ils absorbent et qui les font croître, sont eux-mêmes déjà des corps, et il faut bien qu’ils se logent dans quelque vide, puisqu’il est impossible que deux corps soient dans un seul et même lieu. Enfin, on cite un autre phénomène analogue à ceux-là, et qui atteste également l’existence du vide : c’est celui de la cendre, qui est dans un vase, et qui absorbe autant d’eau que le vase lui-même en contient, lorsque la cendre n’y est pas.

J’ajoute pour en finir sur ce point, que les Pythagoriciens aussi admettaient l’existence du vide. Selon eux c’est par l’action du souffle divin que le vide, qui est apparemment