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bien qu’il les pénétrât de telle façon que le corps ne serait plus continu, système qu’ont soutenu Démocrite et Leucippe avec bien d’autres naturalistes ; ou bien encore, il s’agit de prouver, en admettant que le corps reste continu, qu’il y a en dehors de lui quelque chose comme le vide. Ainsi, les philosophes dont nous parlons n’ont pas même mis le pied sur le seuil, comme on dit ; car ils ont prouvé que l’air existe ; mais ils n’ont pas du tout démontré que le vide n’existe pas.

Ceux qui affirment l’existence du vide, au lieu de la nier, se sont rapprochés davantage de la vérité ; et voici quelques-unes de leurs raisons. D’abord, ils soutiennent que sans le vide il n’y a pas de mouvement possible dans l’espace, soit déplacement d’un lien à un autre, soit accroissement sur place, attendu, disent-ils, que s’il n’y avait pas de vide il n’y aurait pas de mouvement possible. Le plein, évidemment, ne peut rien admettre, continuent-ils ; s’il admettait quelque chose, il y aurait alors deux corps dans un seul et même lieu, puisque le plein est déjà un corps apparemment, et qu’un autre viendrait s’y placer ; alors, il n’y aurait pas de raison pour que tous les corps, quel qu’en fût le nombre, ne pussent se trouver tous ensemble dans un seul et même lieu ; car il n’y a point ici de différence, et dès qu’on en suppose deux, on peut tout aussi bien en supposer un nombre quelconque. Mais cette hypothèse en entraîne une autre, et si tous les corps peuvent être dans un seul et même lieu, on ne voit pas pourquoi le plus petit ne pourrait pas recevoir et contenir le plus grand, puisqu’à l’aide de plusieurs petites choses réunies on peut toujours en former une grande.