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il semble qu’il y a du vide. Donc, on admet implicitement par là que le vide, le plein et l’espace sont au fond la même chose, et qu’il n’y a entr’eux qu’une simple différence de manière d’être. Voici donc la marche que nous suivrons dans cette recherche : nous recueillerons d’abord les arguments de ceux qui croient à l’existence du vide ; nous passerons ensuite aux arguments de ceux qui la nient ; et, cette revue des opinions philosophiques étant faite, nous terminerons par l’examen des notions vulgairement répandues en ce qui concerne ce sujet.

Ceux qui nient l’existence du vide ont le tort de ne point s’attaquer assez précisément à l’idée que les hommes s’en font généralement, et de se borner à réfuter les définitions erronées qu’on en donne, et qui ont beaucoup moins d’importance. C’est là la faute d’Anaxagore et de ceux qui l’imitent dans son procédé de réfutation. Ainsi. ils démontrent fort bien l’existence de l’air et toute la force dont il est doué, en faisant sortir de l’air des outres qu’ils pressent, et en le recevant dans des clepsydres, où on voit sans peine sa puissante action. Mais l’opinion vulgaire entend en général par le vide un espace dans lequel il n’y a pas de corps perceptibles à nos sens ; et comme on croit vulgairement encore que tout ce qui existe a un corps, on dit que le vide est ce dans quoi il n’y a rien ; par suite, comme on ne voit point l’air, le vide passe pour être ce qui est plein d’air. Mais il ne s’agit point de démontrer, comme le fait Anaxagore, que l’air est quelque chose ; il s’agit de prouver qu’il n’existe point d’étendue ou d’intervalle différent des corps, qui serait séparable d’eux, et qui existerait en acte comme eux