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mais il n’y est pas comme dans un lieu ; il y’ est uniquement comme la limite est dans le limité ; car, tout ce qui est n’est pas nécessairement et sans aucune exception dans un lieu ; il n’y a que les corps susceptibles de mouvement qui soient réellement dans un lieu.

C’est là ce qui fait que, dans l’ordre naturel des choses, chaque élément se porte dans le lieu qui lui est propre. Et cela se comprend bien ; car, l’élément qui le suit et l’enveloppe, sans que ce soit d’une manière violente et contre nature, a de l’affinité et une certaine homogénéité avec l’élément qui le précède : la terre avec l’eau, l’eau avec l’air, l’air avec le feu. Les choses qui ont une nature absolument identique n’agissent pas les unes sur les autres ; mais quand elles se touchent et sont contiguës entr’elles, au lieu d’être continues et de former un seul tout, alors elles se touchent mutuellement et elles se modifient réciproquement entr’elles. C’est par des lois aussi naturelles et aussi sages que chaque élément, dans sa masse totale, demeure au lieu qui lui appartient spécialement ; et telle partie, ou plutôt tel élément en masse est dans l’espace total du ciel, comme dans un corps ordinaire telle partie séparable est dans le tout duquel elle est détachée ; et, par exemple, comme une partie de l’eau est à la masse de l’eau, et une partie de l’air à la masse totale de l’air. De même, dans l’univers, c’est là le rapport de l’air à l’eau ; l’eau est la matière en quelque sorte, et l’air est la forme. L’eau est, on peut dire, la matière de l’air, et l’air à son tour est l’acte de l’eau, puisqu’en puissance l’eau est de l’air, et que l’air lui-même est à un autre point de vue de l’eau en puissance, l’eau pouvant se changer en air par la vaporisation, et l’air à