Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/32

Cette page n’a pas encore été corrigée

matière existe préalablement, et la forme vient s’y joindre en la déterminant. La matière prise dans toute sa généralité n’est pas précisément l’être lui-même ; elle est à l’être réel et particulier que nos sens perçoivent ce que l’airain est à la statue, ce que le bois est au lit qui en est fait. L’être ne serait pas sans elle ; mais elle est autre chose que l’être, tant qu’elle n’a pas reçu la forme propre qui le constitue essentiellement.

Voilà cette théorie fameuse de la matière et de la forme si souvent reprochée à Aristote, et que l’on critiquera sans doute plus d’une fois encore. Pour moi, je la trouve simple et vraie ; et elle n’a pas même le tort d’être obscure ; tout au plus accorderais-je qu’elle a quelque subtilité, sans être d’ailleurs en rien sophistique. La matière et la forme sont les éléments logiques et réels de l’être.

Mais, pour l’étude spéciale qu’Aristote poursuit dans sa Physique, cette doctrine était indispensable, et elle a une importance toute particulière. Du moment que l’être n’est plus un comme le croyaient Parménide et Mélissus, il n’est pas immobile, comme ils le soutenaient avec plus de conséquence que de raison. Oui sans doute, si l’être est un, il ne peut pas avoir de mouvement ; mais s’il a une partie qui