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et nous en concluons que l’espace est quelque chose de réel dans le genre de la matière. Cependant, il y a cette différence essentielle que la même chose qui était de l’air tout à l’heure, est de l’eau maintenant, tandis que pour l’espace, il y a de l’air dans le lieu où tout à l’heure c’était de l’eau. Or, ainsi que je l’ai dit, la matière n’est jamais séparée de la chose qu’elle forme ; et elle ne contient jamais cette chose ; mais, le lieu, l’espace, est, à ces deux égards, tout différent de la matière ; car il contient les choses, et il est séparé d’elles. Si donc, le lieu des corps, l’espace, n’est aucune des premières choses indiquées plus haut, c’est-à-dire s’il ne peut être, ni la forme, ni la matière, ni une étendue des corps, laquelle serait différente de l’étendue propre de ces corps, et subsisterait quand ils se déplacent, il reste que le lieu, soit la dernière des quatre choses indiquées, c’est-à-dire l’extrémité et la limite du corps ambiant, du corps contenant, tandis que le contenu est le corps qui peut être mu, par déplacement et par translation, dans l’espace. On voit donc d’où vient la difficulté de bien comprendre ce que c’est que l’espace ou le lieu des corps ; c’est que d’abord il paraît, bien qu’il n’en soit rien, être la matière ou la forme des choses ; et, ensuite, c’est que le déplacement du corps qui est transporté d’un lieu à un autre, se fait dans un contenant qui demeure immobile et en repos. Dès lors, il paraît être une sorte de dimension réelle et d’intervalle interposé entre les corps qui s’y meuvent, et distinct de ces corps, puisqu’il demeure après qu’ils n’y sont plus. Ce qui aide encore à l’erreur, c’est que l’air paraît incorporel selon l’opinion commune ; et, en général, ce ne sent pas seulement les limites de vase