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déplacer, leurs parties feraient dans le tout qu’elles forment, ce que font l’air et l’eau dans le vase qui les contient, c’est-à-dire que chaque partie aurait un lieu qui subsisterait quand elle n’y serait plus ; et comme les parties sont en nombre infini, les lieux seraient en nombre infini comme elles. Une autre conséquence, c’est que le lieu, l’espace alors changeraient de place comme le corps lui-même, dont il serait la dimension ; il faudrait alors un lieu du lieu, un espace de l’espace, et le même corps aurait une foule de lieux différents. Mais, en fait, le contenu ne change pas de lieu propre quand le contenant vient à être déplacé ; son lieu reste donc le même ; et la preuve, c’est que l’eau et l’air se succèdent dans le même lieu, c’est-à-dire dans le vase qui les contient, et non point dans l’espace où ce vase est transporté, quand on le déplace d’un endroit à un autre. Cet espace, ce lieu où l’on transporte ce vase est une partie de celui qui forme le ciel entier.

Après avoir prouvé que le lieu des corps, l’espace ne peut être, ni la forme des corps, ni leur propre dimension, il faut prouver qu’il ne peut pas être non plus leur matière. Ce qui a pu le faire croire, c’est que l’on observe que, dans un corps continu, qui est en repos et qui ne se divise pas, il y a quelque chose qui est blanc maintenant, tandis qu’il était noir tout à l’heure, qui est dur maintenant, tandis que tout à l’heure il était mou ; ce quelque chose subsiste sous les modifications que le corps subit ; et, de là, nous tirons la conséquence que la matière est quelque chose de réel et de subsistant. Il y a aussi quelqu’apparence de ce genre pour le lieu, l’espace, qui semble demeurer sous les déplacements des corps qui s’y succèdent,