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choses, ou l’étendue comprise entre les extrémités du corps, ou enfin l’extrémité même du corps ambiant, en supposant toujours qu’il n’y a aucune étendue possible en dehors de l’étendue occupée par les corps eux-mêmes.

Or, il est clair que de ces quatre choses, il y en a trois que le lieu des corps ne peut pas être. Il est vrai que comme le lieu enveloppe les corps, on pourrait croire qu’il est leur forme, les extrémités du contenant et du contenu se confondant en un seul et même point où elles se rencontrent. Il est vrai encore que la forme et le lieu ou espace sont tous les deux des limites ; mais il faut bien remarquer que ce ne sont pas les limites d’une seule et même chose. La forme est la limite de la chose dont elle est la forme ; le lieu est au contraire la limite du contenant, la limite de ce qui contient la chose. Ainsi, le lieu, l’espace ne peut être la forme.

Il ne peut pas être davantage la dimension même des corps. Mais, comme le contenu, lequel est séparable du contenant, peut très-souvent changer, par exemple, l’eau sortant du vase, tandis que le contenant subsiste et demeure sans aucune mutation, il semble que la place où viennent successivement se ranger les corps, est un intervalle réel, une dimension qui existe en dehors et indépendamment du corps qui vient à être déplacé. Cependant cette dimension n’existe pas par elle-même, et il n’y a réellement que la dimension même du corps qui se déplace et qui tantôt est dans le contenant et tantôt n’y est pas. S’il y avait réellement et matériellement une dimension, qui fût et qui restât toujours dans le même lieu, il en résulterait que les lieux des choses seraient eu nombre infini ; car l’eau et l’air venant à se