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et c’est ainsi qu’on dirait que le doigt est dans la main.

Mais quand le contenant est séparé de la chose et qu’il la touche par simple contiguïté, on dit alors que la chose est dans un certain lieu primitif et direct, qui n’est que la surface interne du contenant, et qui n’est ni une partie de ce qui est en lui, ni plus grand que la dimension même du corps, mais qui est strictement égal à cette dimension, attendu que les extrémités des choses contiguës se confondent en un seul et même point. On voit que, quand il y a continuité, le mouvement n’a pas lieu dans le contenant, mais avec le contenant, et c’est ainsi que le doigt se meut avec la main et en même temps qu’elle. Mais quand, au contraire, il y a séparation, et que le contenant est contigu, au lieu. d’être continu, alors le contenu se meut dans le contenant, ou du moins peut s’y mouvoir, soit que le contenant se meuve aussi, soit qu’il ne se meuve pas actuellement. On ne peut plus en dire autant quand il n’y a pas séparation entre le contenant et le contenu ; et alors on considère le contenu comme une partie dans un tout, par exemple, la vue dans l’œil, la main dans le corps, etc. S’il y a séparation et qu’il n’y ait que contiguïté entre le contenant et le contenu, le contenu alors est dans un lieu, comme l’eau est dans le tonneau, comme le vin est dans la cruche. En effet, la main se meut en même temps que le corps et avec lui, tandis que c’est dans le tonneau que l’eau se meut, bien qu’elle puisse se mouvoir avec lui. Il me semble que ces considérations doivent aider à comprendre ce que c’est que le lieu des corps ; car le lieu des corps ne peut guère être que l’une des quatre choses suivantes : ou la forme des choses, ou la matière des