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du corps ont un double mouvement, puisqu’elles se meuvent quand le corps entier se meut, et elles ont de plus un mouvement particulier. De même, un clou qui est fixé dans un navire se meut avec ce navire quand le navire se meut ; mais de plus, il peut recevoir un mouvement qui n’est qu’à lui, si un l’arrache d’où il est pour le remettre ailleurs. Au contraire, d’autres mobiles accidentels ne sont mus jamais qu’accidentellement et médiatement ; par exemple, la blancheur qui ne se meut jamais qu’avec le corps où elle est, la science qui ne se meut, si elle se meut, qu’avec l’homme qui la possède. Les mobiles de ce genre ne changent de place qu’en tant que le corps où ils sont, vient lui-même à en changer.

Quand donc on dit d’un corps qu’il est dans le ciel, comme dans son lieu, c’est parce que ce corps est dans l’air et que l’air est dans le ciel. Mais il y a plus, et l’on ne veut pas dire que ce corps soit dans toute l’étendue de l’air ; on veut dire seulement qu’il est dans une certaine partie de l’air, et il n’y est en effet que par rapport à cette partie extrême de l’air qui l’embrasse et qui l’enveloppe. En effet, si c’était l’air tout entier, toute l’étendue de l’air qui fût le lieu du corps, le lieu d’un corps ne serait plus égal à ce corps lui-même, tandis qu’au contraire il semble que le lieu d’un corps doit lui être absolument adéquat, et que c’est là ce qu’on entend par le lieu primitif et direct. Ainsi donc, quand le contenant n’est pas séparé de la chose qu’il contient et qu’il lui est continu, comme par exemple le tout, qui n’est pas séparé de la partie qui y est contenue, on ne dit plus que la chose est dans le contenant comme dans son lieu ; mais on dit qu’elle y est comme une partie dans le tout