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le corps en tant qu’affection de ce corps. Ainsi, il n’est pas besoin, comme le croit Zénon, de remonter à l’infini et de se perdre dans l’espace de l’espace, et l’espace de ce second espace, etc. Évidemment, comme le vase n’est pas du tout ce qu’il contient, et qu’il ne peut se confondre avec ce qui est en lui, le contenant primitif et le contenu étant choses fort distinctes, il s’ensuit que l’espace n’est ni la matière, ni la forme des choses, et qu’il en est très différent. La matière et la forme sont les éléments nécessaires de tout ce qui est dans l’espace, et nécessairement l’espace n’est identique ni à la forme ni à la matière.

Telles sont les discussions qu’on a soulevées relativement à la nature de l’espace.


VI.


Maintenant il nous faut essayer, à notre tour, d’expliquer plus précisément ce qu’est l’espace, et de découvrir avec toute l’exactitude que nous pourrons y mettre les caractères véritables qui lui appartiennent, et qui le font ce qu’il est. Un premier principe que nous posons comme incontestable, c’est que l’espace est le contenant primitif de tout ce dont il est le lieu, et qu’il ne fait point du tout partie de ce qu’il renferme, pas plus que l’amphore n’est le vin qu’elle contient. Nous admettons encore que ce lieu primitif, cet espace primitif, n’est ni plus grand ni plus petit que ce qu’il embrasse, qu’il n’est jamais vide de corps, mais qu’il est séparable des corps contenus par lui. J’ajoute enfin que tout espace a les distinctions que nous savons, le haut et le bas, etc., et que par les lois mêmes de la nature, chaque corps est porté ou demeure