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Ainsi, de toute évidence, le vin et l’amphore, quelles que soient les confusions que commette le langage ordinaire, sont des objets tout différents l’un de l’autre ; et la définition du contenant est essentiellement autre que celle du contenu. Si l’on dit qu’une chose peut être dans elle-même, non plus directement, mais indirectement, ce n’est pas plus concevable ; car alors on arriverait à cette absurdité qu’il faudrait que deux corps fussent simultanément dans un seul et même corps. Ainsi, d’abord l’amphore serait dans elle-même, si toutefois une chose dont la nature propre est d’en recevoir une autre, peut jamais être dans elle-même ; et, d’autre part, il y aurait dans l’amphore, eu même temps qu’elle-même, ce qu’elle peut contenir, c’est-à-dire du vin, si c’est du vin qu’on y veut mettre. Donc, il y aurait dans l’amphore, en premier lieu l’amphore elle-même, et en second lieu le vin qu’elle contient. Donc, évidemment, il ne se peut jamais qu’une chose soit primitivement et directement dans elle-même, et elle doit toujours être nécessairement dans une autre qui la renferme et l’enveloppe.

Mais alors, objecte Zénon : « Si vous faites de l’espace a une réalité, je vous demande en quoi vous placez l’espace, puisque toute réalité doit toujours nécessairement être quelque part. » Cette objection n’est point embarrassante, et l’on peut y répondre. Il se peut fort bien que le lieu primitif d’une chose, son espace primitif, soit dans une chose, sans qu’elle y soit précisément comme dans un lieu. L’espace primitif d’une chose est dans une autre comme la santé est dans la chaleur, c’est-à-dire en tant que disposition et propriété, et connue la chaleur est dans