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qu’elles ont chacune une nature et des propriétés distinctes. Ainsi on ne peut pas dire réellement qu’une chose soit dans elle-même ; elle est toujours dans une autre.

C’est ce dont on peut se convaincre en parcourant par l’induction toutes les acceptions diverses que nous avons énumérées plus haut, et l’on verra qu’il n’en est pas une seule où l’on puisse dire qu’une chose est dans elle-même. Sans même examiner ces acceptions diverses, la raison suffit à démontrer qu’une chose ne peut jamais être dans elle-même réellement ; car, en reprenant l’exemple de l’amphore de vin, antérieurement cité, il faudrait, chose impossible, que chacune de ces deux choses fût à la fois l’une et l’autre ; c’est-à-dire qu’il faudrait que l’amphore fût tout ensemble, et l’amphore et le vin, de même que le vin devrait être tout à la fois, et le vin et l’amphore, si l’on admettait qu’une chose est en elle-même par cela seul qu’on dit métaphoriquement, que dans un festin les convives ont bu tant d’amphores. L’amphore se prend alors pour le vin qu’elle contient ; mais il ne s’en suit pas que l’amphore soit dans l’amphore, c’est-à-dire dans elle-même, comme y est le vin. On aura beau dire que les deux choses sont l’une dans l’autre, il n’en reste pas moins certain que l’amphore contient le vin, non pas en tant qu’elle est elle-même le vin, comme le ferait croire une locution vicieuse, mais en tant que le vin est lui-même ce qu’il est, c’est-à-dire un liquide qui peut être contenu dans un vase. Réciproquement, le vin est dans l’amphore, non pas en tant qu’il est lui-même l’amphore, mais en tant que l’amphore est elle-même ce qu’elle est, c’est-à-dire un vase capable de contenir un liquide.