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de plus, vous êtes dans l’air, puisque vous êtes sur la terre ; et, enfin, vous êtes dans tel lieu de la terre, qui ne renferme plus rien absolument que vous. Le lieu propre ou primitif ne doit donc pas se confondre avec le lieu ou l’espace commun. Par suite, si l’on entend par l’espace le lieu propre qui renferme primitivement chaque corps, l’espace est alors une limite ; et on peut, à ce point de vue, le prendre pour la forme et la figure des choses, qui détermine la grandeur et la matière dont cette grandeur est faite. La forme étant la limite de chaque chose, on pourrait soutenir, qu’en ce sens, l’espace est la forme des choses. Mais, d’une autre part, comme l’espace, avec ses trois dimensions, représente aussi la dimension et l’étendue de la grandeur, on pourrait le prendre pour la matière des choses aussi bien que pour leur forme ; car la matière se distingue de la grandeur ou corps qu’elle compose ; et elle est ce qui est enveloppé par la forme, et est déterminé par la surface et la limite. C’est bien là ce qu’est la matière et l’indéterminé ; car, si vous enlevez à une sphère, par exemple, sa limite et ses diverses conditions de figure, il ne reste plus rien que la matière informe dont elle est composée. C’est là ce qui a fait que Platon, dans le Timée, n’hésite pas à identifier la matière et le lieu des choses ; car, le récipient, capable de participer à la forme, et le lieu des choses, c’est tout un pour lui. Bien que Platon, dans ce même traité, ait employé le mot de récipient avec un sens autre qu’il ne l’a fait dans l’ouvrage qu’on appelle ses Doctrines non écrites, cependant, il a confondu l’espace avec le lieu que les corps occupent. Il faut l’en approuver, quelque théorie qu’on adopte d’ailleurs ; car, tandis que les autres philosophes