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ne laisse pas que d’exiger quelque réponse ; car, si tout être est nécessairement dans un lieu, et si l’espace est un être, il est clair qu’il y aura un lieu pour le lieu lui-même, et ainsi à l’infini, sans qu’on puisse assigner de terme à cette progression. A toutes ces objections, j’en joins une dernière. Si, de même que tout corps est nécessairement dans un lieu, le corps remplit aussi tout le lieu qu’il occupe, c’est-à-dire tout l’espace, comment expliquer le développement des corps qui s’accroissent ? Dira-t-on que le lieu, l’espace qu’ils occupent se développe en même temps qu’eux ? Et, cependant, c’est la conséquence qu’il faudrait nécessairement adopter, si l’espace se confond avec le corps, et si le lieu de chaque chose n’est ni plus grand ni plus petit que la chose même.

Telles sont les questions différentes qu’il faut éclaircir, non seulement pour savoir quelle est la nature de l’es­pace, mais aussi pour s’assurer de son existence.


IV.


Pour bien conduire cette délicate recherche, il faut d’abord reconnaître que, de même que l’être petit être considéré en soi ou relativement à un autre, l’espace peut être entendu également de deux façons : ou dans son acception commune, qui en fait le lieu de toutes les choses que nous voyons ; ou dans son acception propre, c’est-à-dire le lieu primitif où sont les corps des individus. Je m’explique pour que ce point capital soit bien compris. Ainsi, on peut dire de vous que vous êtes dans le ciel, puisque vous êtes dans l’air, et que l’air est dans le ciel ;