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avant tout le reste apparut le Chao ; Puis, la terre au sein vaste. » C’est-à-dire que le poète suppose qu’avant l’apparition des corps, il y avait un lieu qui pouvait les recevoir et où ils ont leur place. Hésiode se conforme par là à l’opinion commune, qui croit que tout ce qui existe est quelque part, c’est-à-dire dans l’espace. S’il en est ainsi, l’espace a une propriété merveilleuse et la plus ancienne de toutes en date ; car, une chose sans laquelle les autres ne sauraient être, et qui existe par elle-même sans aucun besoin des autres, cette chose-là est nécessairement antérieure à tout. Par suite, l’espace qui existait avant les choses existe encore après elles ; et il n’est pas détruit, quand les choses qu’il renferme sont détruites.


III.


Nous voilà fixés sur l’existence incontestable de l’espace ; mais il n’en reste pas moins difficile de savoir ce qu’il est. Devons-nous nous représenter l’espace comme la masse d’un corps quelconque ? Ou sa nature est-elle différente ? Savoir en effet à quel genre appartient l’espace, et dans quelle catégorie il convient de le placer, ce sera là l’objet de notre première recherche. L’espace a bien les trois dimensions, longueur, largeur, profondeur ; mais on ne peut pas dire qu’il soit un corps ; car, alors il y aurait deux corps dans un seul et même lieu ; ce qui est impossible. Autre difficulté. Si le corps doit avoir un lieu et une place, il est clair que la surface du corps et ses autres limites doivent avoir également une place et un lieu ; car on