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chose pouvant être, lorsque nous nous tournons nous-mêmes, à droite après avoir été à gauche, au-dessus après avoir été au-dessous, en avant après avoir été en arrière. Dans la nature, au contraire, toutes ces directions ont un sens déterminé et qui ne varie pas. Le haut n’est pas un lieu quelconque ; c’est le lieu précis où se dirige le feu, et, en général, tous les corps légers. Le bas n’est pas davantage un lieu arbitraire ; et c’est celui où se dirigent tous les corps qui ont de la pesanteur et qui sont composés de terre. Par conséquent, ces éléments ne diffèrent pas seulement entr’eux par leur situation ; ils diffèrent encore par leurs propriétés et leur puissance.

Les mathématiques, toutes abstraites qu’elles sont, démontrent aussi l’existence de l’espace ; car, bien que les êtres dont elles s’occupent, étant purement rationnels, n’aient pas de lieu et n’en puissent point avoir, cependant ils ont une position relativement à nous, et la pensée les distingue en les mettant à droite ou à gauche, selon le besoin. Ainsi, la pensée les localise, comme la nature elle-même localise les éléments.

Il faut remarquer aussi qu’en admettant l’existence du vide, on admet implicitement l’existence de l’espace, puisqu’on définit le vide un espace où il n’y a pas de corps.

On le voit donc : toutes ces raisons se réunissent pour démontrer que l’espace existe comme quelque chose de réel, indépendamment des corps qu’il renferme, et que par suite tout corps sensible est dans l’espace. Aussi, Hésiode paraît-il être dans le vrai quand il place le Chaos à l’origine des choses, et qu’il dit : « Bien