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plus haut, V). Quant à celui qui prétend qu’une chose doit toujours en toucher une autre et qu’on arrive ainsi à réaliser l’infini, nous répondons en distinguant le contact et la limitation, qu’il ne faut pas du tout confondre. Le contact est toujours une chose relative et dépendante, puisque tout corps qui touche doit nécessairement toucher quelque chose qui le touche à son tour ; et le contact est l’attribut d’une chose limitée et finie. La limitation, au contraire, n’a rien de relatif ; et une chose quelconque ne peut pas au hasard toucher la première chose venue. Il peut donc y avoir quelque chose qui ne touche plus rien. Enfin l’argument tiré de la pensée, dans laquelle ou croit trouver l’infini, n’est pas plus péremptoire ; car on peut bien par la pensée s’imaginer que quelqu’un est mille fois plus grand qu’il n’est ; mais en réalité il reste ce qu’il était ; l’accroissement successif ou la réduction successive ne passent pas le moins du monde dans l’objet lui-même ; et il ne suffit pas de supposer que quelqu’un est hors de la ville pour qu’il y soit effectivement, ni qu’il est aussi grand que nous, pour que sa taille devienne égale à la nôtre. La chose reste ce qu’elle est, et la supposition arbitraire que l’on fait ne change rien à la réalité. Quant au temps et au mouvement, ils ne sont infinis, ainsi que la pensée, qu’en ce sens que rien n’y subsiste réellement et n’y demeure, mais qu’il n’y a qu’une succession sans terme possible. Enfin dans le retranchement ou dans l’addition que la pensée peut toujours faire, il ne se forme jamais une grandeur qui soit actuellement infinie.

Nous ne poussons pas plus loin cette théorie de l’infini ; et par les explications que nous venons de donner, on doit voir commuent ou peut dire que l’infini est et n’est