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trouve que dans les grandeurs actuelles, au sens où je viens de le dire.

Ce qui rapproche encore l’infini de la matière, c’est que parmi les quatre espèces de causes admises par nous, l’infini ne peut être que cause matérielle ; car l’être de l’infini est la privation, comme celui de la matière ; et il n’y a que le continu et le sensible qui est et subsiste en soi. Nous pouvons d’autant mieux insister sur ce point que tous les philosophes ont, ainsi que nous, considéré l’infini comme matière ; mais où nous nous séparons complètement d’eux, c’est qu’ils ont fait de l’infini le contenant au lieu d’en faire le contenu ; et selon nous, c’est une grave erreur.


XII.


Après tout ce qui précède sur l’infini, il ne nous reste plus qu’à examiner les arguments par lesquels on essaie de démontrer que l’infini n’est pas seulement en puissance, ainsi que nous venons de l’exposer, mais aussi qu’il est quelque chose de déterminé. Parmi ces arguments, les uns n’entraînent pas de conclusions nécessaires, et ne valent guère qu’on s’en occupe ; les autres peuvent être réfutés par des raisons décisives. Ainsi, je dis qu’il ne faut pas que l’infini soit en acte un corps perceptible à nos sens, pour que la génération des choses puisse ne jamais défaillir ; car il se peut fort bien que tout étant limité et fini, la destruction d’une chose soit la génération d’une autre, et réciproquement. Le cercle de la génération est alors infini et indéfectible. Voilà la réponse à un des arguments dont il a été question plus haut (Voir