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différence, entre les nombres et les grandeurs, tient à ce que l’unité est indivisible, quelle que soit d’ailleurs cette unité. L’homme, par exemple, n’est jamais qu’un homme, et il est bien impossible de le diviser en plusieurs hommes, tandis que le nombre est toujours plus que l’unité, et qu’il est un ensemble de quantités quelconques réunies.

Il faut donc s’arrêter à l’individu, et la division ne peut pas être poussée plus loin, tandis que les nombres, deux, trois, etc., ne sont que des paronymes de l’unité, qui tirent d’elle la dénomination qui les fait ce qu’ils sont, deux signifiant deux unités ; trois, trois unités ; et ainsi de suite pour tous les autres nombres. Mais dans le sens de l’augmentation numérique, il est toujours possible de penser un nombre de plus en plus grand, parce que les divisions de la grandeur par deux sont indéfiniment possibles, et que leur nombre s’accroît sans cesse. L’infini y est donc toujours en puissance, bien qu’il n’y soit jamais en acte ; la quantité nouvelle qu’on ajoute est toujours finie, bien qu’elle puisse dépasser sans cesse toute quantité déterminée. D’ailleurs, ce nombre n’est pas abstrait et séparé des divisions de la grandeur, qu’on peut sans cesse diviser par deux. L’infinitude, loin de s’arrêter comme achevée et finie, se forme et devient sans cesse, ainsi que le temps se forme et devient sans cesse aussi, comme le nombre et la mesure du temps, qui est le mouvement. C’est tout l’opposé pour les grandeurs ; le continu y est bien divisible à l’infini, dans le sens de la petitesse ; mais il n’y a pas d’infini dans le sens de l’accroissement ; et l’infini, dans ce cas, n’est en acte que précisément autant qu’il est en puissance, c’est-à-dite qu’il reste perpétuellement en puissance. Donc, puisque