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partie du tout qui revêt une forme ; et c’est ainsi que l’airain est une partie de la statue dont il est la matière. Mais si, dans les choses sensibles et intelligibles, on admet que le grand et le petit, c’est-à-dire les deux infinis, rendent raison de tout, il faut admettre aussi qu’ils embrassent également les purs intelligibles ; alors, il semble que c’est se tromper lourdement que de demander à l’inconnu et à l’indéterminé la connaissance et la détermination des choses, que, cependant, les intelligibles doivent donner à l’esprit.


XI.


On comprend aisément que l’infini qui se forme par addition, ne peut jamais arriver à égaler la grandeur initiale dont il approche sans cesse, et qui est sa limite, tandis qu’au contraire l’infini, qui se forme par la division, est réellement infini, puisque la divisibilité n’a point de ternie. L’infini est contenu, connue la matière elle-même, dans l’intérieur de l’être, et c’est la forme qui est le contenant de l’un et de l’autre. La raison peut concevoir également que pour le nombre, il y a une limite dans le sens de l’extrême petitesse, et qu’il n’y en a pas dans le sens de l’accroissement, puisqu’un nombre, quelque grand qu’il soit, étant donné, on peut toujours en imaginer un plus grand encore. Pour les grandeurs, c’est tout le contraire ; car on peut toujours, dans la série décroissante, imaginer une grandeur toujours plus petite que toute grandeur donnée, tandis que, dans le sens de l’accroissement, il y a toujours une limite infranchissable, et il n’est pas possible qu’il y ait une grandeur infinie. Cette