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car, ce dernier disait que l’infini est l’entier, est le tout, tandis que le premier prétendait, au contraire, que l’entier est toujours limité et fini :


« De tous côtés égal, à partir du milieu. »


et comme le dit le proverbe populaire, ce n’est pas précisément joindre un bout de fil à un bout de fil, que de confondre l’infini avec le tout et l’entier.


X.


Je conçois, d’ailleurs, et j’excuse l’emphase avec laquelle on parle de l’infini, quand on dit "qu’il renferme toutes choses et qu’il embrasse tout l’univers en soi." C’est qu’en effet l’infini ne laisse pas que d’avoir quelque ressemblance avec un tout, avec un entier. Ainsi, l’infini est la matière de la perfection ou de la forme achevée, que peut recevoir la grandeur. Il est le tout et l’entier en puissance ; il ne l’est point en acte. Il est divisible, soit par le retranchement, soit par l’addition prise en sens inverse, ainsi que je l’ai expliqué plus haut. Il devient entier si l’on veut, et fini, non pas en soi, mais par l’intermédiaire d’un autre terme. A vrai dire, il ne contient pas ; il est contenu, au contraire, en tant qu’infini ; et ce qui fait qu’il est impossible de le connaître dans sa nature essentielle, c’est que la matière par elle-même n’a pas de forme, et qu’elle ne peut être connue qu’autant qu’elle en a. Par conséquent, loin que l’infini doive être considéré comme un tout, il faudrait bien plutôt le prendre pour une partie ; car la matière, avec laquelle on peut le confondre, est une