Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/290

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’infini lui-même n’en est plus que l’attribut, cessant ainsi d’avoir par lui-même une existence réelle. Mais si, comme nous l’avons démontré, il n’est pas possible qu’il y ait un acte, un corps sensible infini de ce genre, il n’est pas moins impossible que l’infini puisse se former par addition autrement que je ne viens de le montrer, à l’inverse de la division et réciproquement à elle.

Ces deux infinis, l’un par addition, l’autre par retranchement, sont sans doute les deux infinis qu’a reconnus Platon ; car tous deux semblent évidemment se produire, quoiqu’en suivant une marche opposée. Mais une chose assez singulière, c’est qu’après avoir constaté l’existence de ces deux infinis, Platon n’en fait aucun usage ; ainsi, dans les nombres, il ne peut pas y avoir pour lui d’infini, par retranchement et division, puisqu’il fait de l’unité le plus petit nombre possible, et il n’y a pas davantage d’infini par addition, puisqu’il ne veut pas pousser le nombre au-delà de la décade.


IX.


On voit donc que l’infini est tout le contraire de ce que croient nos philosophes. L’infini n’est pas du tout, comme ils le disent, ce en dehors de quoi il n’y a rien ; loin de là ; c’est ce qui a perpétuellement quelque chose en dehors, et au-delà de ce qu’on peut imaginer. Ils auraient pu s’apercevoir de leur erreur, puisque pour faire concevoir l’infini, ils ont recours eux-mêmes à l’exemple des bagues sans chaton, où l’on peut toujours, en effet, prendre un point en dehors de celui auquel on s’arrête. Mais, ce n’est là qu’une similitude assez imparfaite, et ce