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séparable ; car l’idée de bipède est impliquée dans l’idée d’homme, tandis que l’idée d’homme n’est pas impliquée dans celle de bipède. Ainsi l’homme qu’on veut faire si complètement un, ne l’est pas logiquement plus qu’il ne l’est matériellement. Ce qui est dit de l’homme pourrait également s’appliquer à tout autre être ; et chacun des êtres, loin d’avoir l’unité qu’on croit, est composé d’éléments essentiels qui sont en lui comme autant de principes multiples et distincts.

Anaxagore n’est guère plus sensé que Mélissus et Parménide, quand il soutient que tout est dans tout, et quand il confond dans ses homéoméries ou parties similaires, tous les éléments de l’univers. C’est faire de toutes choses un véritable chaos ; et ce n’était pas la peine d’essayer de débrouiller par l’Intelligence le chaos primitif, pour aboutir à cette explication incompréhensible. Il faut donc en revenir à quelque chose de plus clair et de plus vrai ; et reconnaître que l’être est si peu un, au sens où on le dit, qu’il peut avoir des contraires. Les partisans les plus aveugles de l’unité de l’être sont forcés d’avouer que le même être subit bien des changements, et que par exemple il est tantôt chaud, tantôt froid. Or ce sont là des contraires,