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comment une des parties de l’infini serait-elle aux extrémités, tandis que l’autre partie serait au centre ?

A ces preuves qui démontrent qu’il ne peut pas y avoir de corps sensible infini, ajoutez encore celle-ci. Tout corps perceptible à nos sens est dans un lieu, et les différences spécifiques du lieu sont le haut et le bas, le devant et le derrière, la droite et la gauche. Ces distinctions ne sont pas seulement relatives à nous et à la position réciproque des choses ; elles se retrouvent également dans l’univers, et elles reposent sur les lois naturelles qui le régissent. Or, il est de toute impossibilité que ces distinctions se retrouvent dans le corps sensible infini qu’on suppose ; car, le lieu de ce corps ne pouvant pas être infini, et tout corps devant être dans un lieu, il s’ensuit que ce corps n’existe pas. Enfin, si ce qui est dans un lieu spécial et déterminé est d’une manière générale dans un lien, et si réciproquement ce qui est dans un lieu est nécessairement quelque part, c’est-à-dire en un certain lieu spécial, il s’ensuit que le corps sensible infini, tel qu’on le suppose, ne pourra être nulle part ; car il ne peut pas avoir, comme il le faudrait pourtant, une certaine quantité finie, de deux coudées, par exemple, de trois coudées ou de telle autre étendue, puisqu’il est supposé infini ; et il ne peut être par conséquent dans aucune des six positions indiquées tout à l’heure, le haut et le bas, l’avant et l’arrière, la droite et la gauche ; car chacune de ces positions est évidemment une limite, et l’infini ne peut en avoir.

Donc, en résumé, il n’y a pas de corps infini perceptible à nos sens ; il n’y a pas de corps sensible infini.