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l’infini est immobile, parce qu’il se soutient lui-même et qu’il existe en lui seul, rien ne pouvant le contenir. On croirait, à l’entendre, qu’il suffit qu’une chose soit dans un lieu quelconque pour que ce soit absolument sa nature d’y être ; mais cette conséquence n’est pas juste ; car une chose peut être par force dans un certain lieu, toutes les fois qu’elle n’est pas là où sa nature voudrait qu’elle fût. Si donc c’est surtout de l’univers, c’est-à-dire de l’ensemble des choses, qu’on doit affirmer qu’il est immobile, puisque de toute nécessité ce qui ne s’appuie que sur soi et n’existe que par soi ne peut avoir de mouvement, il aurait fallu nous apprendre pourquoi il n’est pas dans sa nature de se mouvoir. On se débarrasse aisément de cette difficulté en disant qu’il en est ainsi ; mais, une telle explication n’est pas suffisante ; car un corps quelconque peut tout aussi bien que le corps infini n’être pas en mouvement, bien que la mobilité soit parfaitement dans sa nature. Ainsi, la terre n’a pas de mouvement dans l’espace ; et, la supposât-on infinie, elle ne quitterait pas pour cela le centre et le milieu du monde ; et elle resterait toujours au centre, non pas seulement parce qu’étant infinie il n’y aurait pas de lieu où elle pût se porter, mais surtout parce qu’il est essentiellement dans sa nature de demeurer au centre et de ne point aller ailleurs. Cependant, on pourrait dire de la terre, tout aussi bien qu’on le dit de l’infini, qu’elle s’appuie et se soutient elle-même. Si donc ce n’est pas en tant qu’elle serait infinie que la terre resterait au centre, et si elle y reste à cause de sa pesanteur, attendu que tout ce qui est pesant reste au centre, on peut dire que l’infini existe en lui-même par quelque cause différente de celle qu’on indique, et que ce n’est pas du