Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/282

Cette page n’a pas encore été corrigée

à coté des parties finies, le feu ou l’eau, par exemple ; et alors les contraires détruiront les contraires, comme je l’ai dit un peu plus haut. Voilà pourquoi, je le remarque en passant, pas un des philosophes qui ont traité de la nature n’ont admis que l’un ou l’infini pût être le feu ou la terre, dont les lieux sans doute sont trop spécialement déterminés ; mais ils ont choisi pour en faire l’infini, l’air ou l’eau, ou même cet autre élément qui est intermédiaire entre ceux-là et dont on a parfois admis l’existence hypothétique. Le lieu de la terre et celui du feu étaient de toute évidence, puisque l’une se dirige en bas et l’autre en haut ; mais les lieux des autres éléments sont moins certains. Mais je laisse cette discussion, et je poursuis.

Je viens de prouver que les parties du corps sensible infini ne pouvaient être finies ; elles ne peuvent pas davantage être infinies, et simples ; car alors les lieux de ces parties seraient infinis comme elles, et les éléments seraient également en nombre infini ; ce qui est manifestement faux. Mais les lieux sont eux-mêmes en nombre fini, ainsi que les éléments : et le tout, c’est-à-dire le corps sensible qu’on prétendait infini, sera fini comme eux. En effet, il est impossible que le lien et le corps qui occupe ce lieu ne soient pas égaux et conformes l’un à l’autre. Ainsi le lieu ne peut pas être plus grand que le corps infini, ni le corps infini plus grand que le lieu ; car si le lieu était plus grand, c’est que le corps cesserait d’être infini, et il y aurait du vide ; ce qui est contre l’hypothèse ; ou bien si le corps était plus grand, il y aurait alors un corps qui n’aurait pas de lieu et ne serait nulle part ; ce qui n’est pas moins impossible.

Anaxagore se trompe étrangement quand il prétend que