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Mais je prouve que ces deux hypothèses sont également inadmissibles, En effet, pourquoi le mouvement de la partie irait-il en bas plutôt qu’en haut ou dans tout autre sens, puisque le corps sensible infini dont elle est la partie, est nécessairement partout ? Je reprends l’exemple de la motte de terre, et en supposant que la terre, dont elle est une partie soit ce corps sensible infini, je demande : Dans quel lieu pourra se porter cette motte de terre, si elle est en mouvement ? Dans quel lieu aura-t-elle son repos ? Car, encore une fois, le lieu du corps sensible infini auquel elle est supposée homogène est infini ; et il ne reste plus de lieu pour la partie. Dira-t-on par hasard que cette motte de terre remplira tout l’espace, comme la terre elle-même est supposée le remplir ? Mais comment serait-ce possible ? Comment aurait-elle alors mouvement ou repos ? Dans quel lieu seront-ils l’un et l’autre ? Si elle est partout en repos, alors elle n’aura jamais de mouvement ; et si son mouvement est partout, alors elle ne sera jamais en repos ; ce qui est également contraire aux phénomènes que nous pouvons observer.

Si au lieu de supposer la partie homogène au tout, on la suppose dissemblable, la partie ne ressemblant plus au tout, il s’en suit qu’elle aura un lien autre que lui. Mais la partie étant d’une autre espèce que le tout, l’unité du tout, qui est le corps sensible infini, disparaît ; ou plutôt, il n’y a plus d’unité que celle qui résulte de la contiguïté des parties. Ajoutez que les espèces des parties du tout seront aussi ou en nombre fini ou en nombre infini ; mais l’une et l’autre hypothèse est également insoutenable. D’abord il n’est pas possible que les parties soient finie s ; car le tout étant infini, il y aura des parties infinies