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nous convaincre qu’il n’y en a pas, puisque. l’eau, la terre, le feu et l’air, ne se résolvent pas dans cet élément unique d’où on les fait sortir.

On vient de montrer qu’il ne peut pas y avoir un élément infini en dehors des quatre éléments ; il ne se peut pas davantage que ce soit un de ces éléments qui soit infini ; car pour que l’univers, même en le supposant limité, devienne un élément unique comme le prétend Héraclite, qui croit que tout a été jadis du feu, il faut qu’un des quatre éléments devienne infini. On pourrait en dire autant de ce principe unique que supposent nos philosophes en dehors des éléments, et il faudrait que les éléments se fussent convertis en cet unique principe ; mais alors il n’y aurait plus de changement dans l’univers ; car pour que le changement ait lieu, il faut qu’il se fasse du contraire au contraire, et, par exemple, du chaud au froid.

Ce que je viens de dire peut nous servir, d’une manière générale, à savoir s’il est possible qu’il y ait un corps sensible infini. Et d’abord, voici des raisons qui semblent prouver qu’il est impossible qu’un tel corps existe. D’après les lois les plus évidentes de la nature, tout corps est dans un lieu ; chaque espèce de corps a un lieu qui lui est propre, et la partie est toujours dans le même lieu que le tout. Ainsi, une motte de terre a le même lieu que la masse totale de la terre, c’est-à-dire qu’elle se dirige en bas ; une étincelle a le même lien que la masse entière du feu, c’est-à-dire qu’elle se dirige en haut. De ces principes, je tire cette conséquence que, la partie du corps sensible infini étant homogène au tout, ou elle sera éternellement immobile, ou elle sera toujours en mouvement.