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dimensions finies en tous sens, longueur, largeur, profondeur ; mais l’infini a des dimensions infinies, et alors il suffira qu’un seul des éléments soit infini pour remplir l’univers. Par conséquent, ce corps infini aura des dimensions infinies en tous sens, ce qui, est contradictoire à la notion même de corps.

Mais si le corps infini ne peut pas être composé, il n’est pas possible davantage qu’il soit un et simple, même en le prenant pour quelque chose en dehors des éléments ordinaires qui en sortent et en naissent, comme le veulent quelques philosophes ; ou pour mieux dire, il est impossible qu’il existe. Il y a des philosophes, en effet, qui conçoivent l’infini de cette façon, sans oser le placer ni dans l’air ni dans le feu, de peur de détruire les autres éléments par celui d’entre eux qu’on ferait infini. Les éléments naturels ont les uns à l’égard des autres une opposition qui en fait des contraires. Ainsi, l’air est froid ; l’eau est humide ; l’air est chaud ; et si l’un de ces éléments était infini, il annulerait à l’instant tous les autres. Aussi les philosophes dont nous parlons, font-ils du principe d’où viennent les éléments selon leur système, quelque chose de distinct des éléments. Mais il est impossible qu’il y ait un tel corps en dehors des éléments naturels, non pas seulement en tant qu’infini ; car on pourrait dire de lui qu’il détruirait les autres comme on le dirait tout aussi bien de l’air, de l’eau, ou de tout autre élément ; mais aussi, parce qu’il ne peut pas exister un corps sensible de ce genre en dehors de ce qu’on appelle les éléments. Tout en effet se résout en définitive dans l’élément primordial d’où il vient ; il faudrait donc un élément différent de l’air, du feu, de la terre et, de l’eau, et l’observation peut