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du mot Infini. Premièrement, on entend par Infini ce qui, par sa nature, ne peut être parcouru ni mesuré ; de même que, par sa nature, la voix est invisible, par ce seul motif qu’elle est faite pour être entendue et non pas vue. En un second sens moins précis que celui-là, on dit d’une chose qu’elle est infinie par cela seul qu’elle n’a point, an moment où on la considère, le terme qu’elle a ordinairement. Bien que par sa nature elle ait un terme nécessaire, on dit qu’elle est sans terme ou à peu près sans terme ; et à cet égard on l’appelle infinie, parce que sa fin ne nous est pas immédiatement accessible. Enfin, une chose peut être considérée comme infinie, soit parce qu’elle peut s’accroître sans terme, soit parce qu’elle peut être supposée divisée à l’infini, soit même parce qu’elle peut être considérée sous ces deux rapports à la fois.

Ceci posé, nous disons qu’il est impossible que l’infini soit séparé des choses sensibles, ainsi qu’on l’a quelquefois prétendu, et que ce quelque chose ainsi isolé de tout soit lui-même infini ; car si l’on soutient que l’infini n’est ni un nombre, ni une grandeur, et qu’il est essentiellement une substance, et non point un accident, il s’en suit que l’infini est indivisible, attendu que le divisible est toujours nécessairement ou une grandeur, on un nombre. Mais s’il est indivisible, il n’est plus infini, si ce n’est indirectement, de même qu’on dit de la voix qu’elle est invisible. Essentiellement la voix n’est pas invisible ; elle est, si l’on peut dire ainsi, inentendable. Mais ce n’est pas sous ce rapport indirect que l’on considère l’infini quand on en admet l’existence, et ce n’est pas ainsi que nous l’étudions nous-mêmes, puisque pour nous la nature essentielle de l’infini, c’est de ne pouvoir être parcouru et