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dans une partie de l’univers, puisqu’il n’est pas dans celle où nous sommes ? Pourquoi le plein ne serait-il point partout, du moment qu’il est quelque part ? Et même en admettant le vide, il n’en faudrait pas moins que cet espace vide fût infini ; et l’on reviendrait ainsi à admettre l’existence d’un corps infini ; car dans les choses éternelles, du moment qu’une chose peut être, elle est ; et la puissance s’y confond avec l’acte, l’acte s’y confond avec la puissance.

J’avoue que, malgré ce que je viens de dire, la théorie de l’infini est toujours fort difficile, et que l’on tombe dans une foule d’impossibilités, soit qu’on en admette, soit qu’on en rejette l’existence. D’autre part, l’existence de l’infini étant admise et démontrée, de nouvelles questions se présentent. Comment existe-t-il ? Est-ce comme substance ? Ou bien n’est-il qu’un accident de quelque autre substance existant elle-même dans la nature ? Ou bien encore n’existe-t-il ni à l’état de substance, ni à l’état d’attribut ? Mais, sans se perdre dans ces recherches épineuses, on peut affirmer que l’infini existe, ne serait-ce que par cette seule considération que le nombre des choses est infini. Et parmi toutes ces questions, celle qui intéresse plus particulièrement le Physicien, c’est de savoir si parmi les choses sensibles, dont l’étude constitue la science de la Physique, il est une grandeur qui soit infinie.


VI.


Pour approfondir cette question spéciale, il faut d’abord avoir le soin de bien distinguer les diverses acceptions