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et indestructible, ainsi que le disait Anaximandre et avec lui la plupart des Naturalistes.


V


Il y a cinq arguments principaux à l’aide desquels on peut démontrer l’existence de l’infini. C’est d’abord le temps, qui est infini, et qui ne peut avoir de fin, de même qu’il n’a point eu de commencement. En second lieu, c’est la divisibilité des grandeurs qui est sans fin ; et les mathématiques font souvent usage de la notion de l’infini. En troisième lieu, la génération et la destruction perpétuelles des êtres, et leur renouvellement indéfectible prouvent bien qu’il y a un infini d’où sort sans cesse tout ce qui se produit ; car, sans lui, cette succession éternelle viendrait à défaillir. Quatrièmement, tout ce qui est fini est toujours fini relativement. quelque chose qui le limite ; et, nécessairement, il n’y aurait ni limite ni fin, s’il fallait que toujours une chose en limitât une autre ; c’est donc à quelque chose d’infini qu’aboutissent les choses, et c’est l’infini qui est leur limite commune. Enfin, le cinquième et dernier argument est le plus puissant de tous, et c’est celui qui a le plus occupé les philosophes : c’est que notre pensée conçoit l’infini, soit pour les nombres, soit pour les grandeurs, soit pour l’espace en dehors des sphères célestes, et que quelque grand que soit un nombre, une grandeur, un espace quelconque, la pensée peut toujours concevoir quelque chose de plus grand. L’espace qui est en dehors du ciel que nous voyons étant infini, il faut bien qu’il y ait un corps infini et des mondes sans fin ; car, pourquoi le vide serait-il