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peut agir qu’intellectuellement, est partie, pour son œuvre d’organisation, d’un certain état antérieur. Donc tout était dans le chaos, que l’Intelligence a ordonné, et c’est elle qui a communiqué à toutes choses le mouvement régulier et immuable que nous voyons. Telles sont les théories d’Anaxagore. Démocrite pensait au contraire que jamais les éléments primordiaux des choses, les atomes, ne peuvent venir les uns des autres ; c’est la matière commune de tout, c’est un élément et un corps commun, qui ne varie que par la grandeur et la configuration de ses parties.

Ainsi, tout ce qui précède prouve bien que l’étude de l’infini appartient à la science de la nature ; et il faut louer les philosophes d’avoir toujours fait de l’infini, un de leurs principes. L’infini, en effet, ne peut pas avoir été fait pour rien ; et on ne peut lui donner un autre caractère que celui de principe ; car tout doit être ou principe ou conséquence d’un principe ; or, l’infini ne peut avoir de principe, puisque alors il aurait une limite qui le rendrait fini ; donc il est bien principe, et il ne peut être que cela. De plus, étant un principe, il faut que l’infini soit incréé et impérissable ; car tout ce qui a été créé doit avoir une fin, et il y a un terme à tout ce qui dépérit. Or, l’infini ne peut avoir de terme sous quelque rapport que ce soit ; il n’y a donc pas de principe pour lui, et c’est lui au contraire qui est le principe de tout le reste. "Il embrasse tout ; il gouverne tout," comme le disent ceux qui, en dehors de l’infini, ne reconnaissent point d’autres causes que lui, et n’ont point recours à l’intervention de l’Intelligence ou de l’Amour. Ces philosophes ajoutent aussi que l’infini est l’être divin, puisqu’il est immortel