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Il y a des questions que les sciences rencontrent dès leurs premiers pas et qu’elles doivent résoudre ; il en est d’autres qu’elles doivent omettre, parce que ce sont des obstacles vains que leur oppose un scepticisme plus habile que sincère. Les sciences s’appuient chacune nécessairement sur certains axiomes qu’elles admettent sans contrôle ; et à défaut de cette foi implicite et instinctive, l’édifice de la science ne pourrait être construit, parce qu’il manquerait de base. La physique ferait donc bien de dédaigner ces hautaines et absurdes négations, et de procéder comme la géométrie, qui ne discute jamais que des questions essentiellement géométriques. Mais cependant comme les philosophes qui ont nié le mouvement, ont touché à des questions physiques, tout en se mettant en dehors de la physique véritable, Aristote croit devoir s’arrêter un instant à repousser leurs erreurs ; et pour expliquer la possibilité du mouvement, il remonte jusqu’aux éléments et aux principes de l’être. C’est le sujet du premier livre de la Physique, consacré presque tout entier à cette discussion. Sans doute, elle n’a pas aujourd’hui l’intérêt qu’elle offrait au temps d’Aristote, et une réfutation de Parménide et de Mélissus ne pique pas très vivement notre curiosité. Mais il est bon de s’en