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ni quantité, ni qualité, ni aucune des autres catégories ; le mouvement a été placé dans la série des termes indéterminés. Je conçois d’ailleurs l’hésitation et l’embarras de ces philosophes, attendu qu’on ne peut ranger d’une manière absolue le mouvement ni dans la puissance ni dans l’acte des êtres ; il n’est absolument ni acte ni puissance. Ainsi, une chose qui peut devenir de telle quantité n’a pas nécessairement le mouvement pour acquérir cette quantité, et l’airain ne devient pas nécessairement statue, de même qu’une chose arrivée à avoir telle quantité n’a plus alors de mouvement, puisqu’elle est parvenue à son terme et à sa forme. Le mouvement est donc bien une sorte d’acte ; mais c’est un acte incomplet ; et cela se conçoit, puisque le possible dont le mouvement est l’acte est lui-même incomplet.

Je reconnais d’ailleurs, et ces distinctions subtiles le prouvent assez, qu’il y a grand-peine à savoir avec précision ce qu’est le mouvement ; car il faut nécessairement le classer, soit dans la privation, soit dans l’acte, soit dans la puissance ; mais qu’on en fasse un acte, une puissance ou une privation, la théorie n’est jamais parfaitement satisfaisante. Reste donc à le considérer, ainsi que nous venons de le faire, comme un acte d’un certain ordre. Mais, j’avoue que cet acte, même tel que nous l’avons expliqué, est très difficile à bien comprendre, quoi que ce ne soit pas tout à fait impossible.


II.


Ainsi que nous l’avons déjà dit, tout moteur dans la nature est d’abord mu lui-même, parce qu’il est mobile