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elle est construite, elle est une maison en acte, en réalité. L’acte de la chose constructible en tant qu’elle est à construire, c’est la construction ; et l’acte de la chose à construire, c’est-à-dire la construction, a pour résultat la maison. Mais une fois la maison faite, la chose constructible, c’est-à-dire qui pouvait être construite, n’existe plus, puisque la chose à construire est construite. Donc, nécessairement, la construction est bien l’acte ; la construction est un mouvement d’une certaine espèce ; et le même mode de définition serait applicable à tout autre genre de mouvement.

Une dernière preuve de l’exactitude de cette définition, c’est de voir les difficultés qu’ont eues les philosophes à définir le mouvement autrement qu’on ne le fait ici, et les erreurs qu’ils ont commises. Ils n’ont pas pu classer le mouvement et le changement dans un autre genre que celui de l’acte, et ils n’ont fait que s’égarer en considérant le mouvement sous un autre jour. On peut vérifier, en effet, ce que devient le mouvement dans ces théories où on en fait une diversité, ou une inégalité, ou même le non-être. Mais il est évident qu’il n’y a pas de mouvement nécessaire, ni pour le divers, ni pour l’inégal, ni surtout pour ce qui n’existe point. Le changement ne tend pas plus au divers, à l’inégal et au non-être, qu’il ne vient d’eux, ni de leurs opposés, le même, l’égal et l’être. Mais l’erreur des philosophes que nous désignons ici vient de ce qu’ils ont pris le mouvement comme quelque chose d’indéfini. Ils l’ont classé dans leur série négative, correspondant à leur première série positive. Mais les termes de la série négative n’existent pas en réalité, puisqu’ils sont purement privatifs, et qu’aucun d’eux n’est ni substance,