Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/260

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ce qui prouve bien l’exactitude de cette définition, qui fait du mouvement un acte, c’est que quand une chose passe de la puissance à l’acte, nous disons que son mouvement est accompli. Soit, par exemple, une chose à construire, une chose qui peut être construite. A ne la considérer que sous ce rapport, du moment qu’elle se réalise et qu’elle est en entéléchie, nous disons qu’elle est construite, et le mouvement de cette chose est la construction. Même remarque pour tout autre acte, l’acte d’apprendre, l’acte de guérir, l’acte de rouler, l’acte de sauter, l’acte de vieillir, etc. Ainsi le mouvement est l’acte. Mais ce n’est pas là encore sa définition tout entière. Les mêmes choses peuvent être en acte et en puissance, mais non pas à la fois ni relativement à la même chose ; par exemple, un même objet est chaud en puissance, mais en, réalité il est froid. Il s’en suit qu’il y a beaucoup de choses dans la nature qui agissent ou qui souffrent les unes par les autres. Tout est à la fois actif et passif, suivant l’aspect sous lequel on le considère. Par conséquent, le moteur, qui agit selon les lois de la nature, est mobile à son tour, et tout ce qui meut a d’abord été mu lui-même ; mais je limite ceci au domaine de la nature, et je ne vais pas aussi loin que certains philosophes qui croient que tout moteur, sans aucune exception, reçoit le mouvement qu’il communique. Nous nous réservons de démontrer ailleurs, vers la fin de ce traité, qu’il doit y avoir un moteur qui est lui-même absolument immobile (Livre VIII).

Mais, pour le moment, nous nous bornons à répéter ici que le mouvement est l’acte, la réalisation ou entéléchie de ce qui était en puissance, quand cet être qui, antérieurement, était simplement possible, devient actuel