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existe préalablement tels matériaux qu’on puisse employer de telle façon ; il faut, en un mot, qu’il y ait préalablement une matière qui sera employée en vue de telle fin ; et, dans le cas spécial de la maison, il faut des pierres de taille et des moellons. Mais, la fin poursuivie n’a pas ces matériaux en vue, si ce n’est en tant qu’ils sont la matière requise ; et ce n’est pas pour eux qu’elle sera accomplie. Seulement, sans ces éléments nécessaires, elle ne sera pas possible, qu’elle soit la maison ou la scie, le fer étant indispensable pour celle-ci, les pierres l’étant pour celle-là. C’est de même dans les mathématiques où la conclusion étant vraie, les principes doivent l’être comme elle. La nécessité, dans l’ordre de la nature, se réduit donc à la matière des choses, et aux mouvements que cette matière peut recevoir selon son espèce.

De ces deux genres de causes, matière et fin, que le Physicien doit expliquer, c’est surtout à la cause finale qu’il doit s’attacher. La raison en est simple : c’est que la fin est cause de la matière qu’on choisit en vue de cette fin, tandis que la matière n’est pas cause de la fin. Or, la fin est le principe qui détermine l’action et provoque à agir ; de même qu’elle est aussi le principe qu’on peut retrouver dans la définition et la conception essentielle des choses, où elle est toujours impliquée. Dans les choses que l’art produit, il faut toujours un antécédent indispensable. Si la maison est, c’est qu’il existait avant elle certaines choses dont elle est faite ; si la guérison d’un malade a été obtenue, c’est qu’on a employé tels moyens qui existaient antérieurement à la santé recouvrée. Or, dans les choses de la nature, il en est de même ; et si l’homme existe, il a fallu telles conditions premières qui supposent telles