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métal, puisque autrement elle ne couperait pas et que son œuvre ne pourrait s’accomplir. Mais il est clair que la nécessité n’est ici que la condition de l’hypothèse donnée, à savoir de pouvoir couper des corps durs ; donc cette nécessité n’est pas dans la fin absolue qu’on se propose. Ainsi, la nécessité n’est que dans la matière ; mais la fin et le pourquoi sont dans la raison libre, qui le comprennent et qui le poursuivent.

Du reste, le nécessaire ainsi limité se retrouve dans les mathématiques à peu près comme il est dans les choses de la nature. Une fois la définition de l’angle droit étant donnée, il y a nécessité que le triangle ait ses trois angles égaux à deux droits ; et, si les trois angles n’étaient pas égaux à deux droits, c’est que l’angle droit lui-même ne serait pas ce qu’on a dit. Mais, dans les choses qui se produisent en vue d’un certain but, c’est précisément le contraire qui a lieu. Si la fin doit être, si le but poursuivi doit se réaliser, il faut que l’antécédent indispensable, le moyen nécessaire, existe aussi comme elle. Dans l’exemple mathématique qui vient d’être cité, la conclusion était possible quand le principe était vrai ; ici, au contraire, il faut que la fin soit d’abord posée comme principe, pour que le moyen vienne ensuite s’y adapter. Il est certain que sans ce moyen la fin n’est pas réalisable ; mais la fin le suppose, et c’est elle qui règle sa condition. La fin se trouve être le principe, non pas seulement de l’acte, mais encore du raisonnement qui conduit à cet acte et qui le dirige. Du reste, dans les mathématiques et les sciences abstraites, il s’agit uniquement de raisonnement, puisqu’il n’y a point d’actes à produire. Si donc on vent faire une maison, il faut de toute nécessité qu’il