Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/254

Cette page n’a pas encore été corrigée

bien si elle a une existence absolue ? Il y a des gens qui comprennent la nécessité d’une façon bien étrange ; et leur opinion revient à peu près à celle de quelqu’un qui, parlant d’une maison, prétendrait qu’elle a été nécessairement construite, attendu qu’il est nécessaire que les corps les plus lourds soient en bas, où les porte leur tendance naturelle, de même qu’il est nécessaire que les corps les plus légers soient à la surface. Par suite, les fondements des murailles, qui sont en lourdes et grosses pierres, ont dû être mis en bas, tandis que le mortier qui est plus léger a été mis au-dessus, et que les bois qui sont les plus légers de tous ces matériaux ont pris place à l’extérieur. Expliquer ainsi la construction d’une maison, ce serait singulièrement comprendre la nécessité. Certainement les murailles de l’habitation ne peuvent pas exister sans les matériaux indispensables ; mais ce n’est pas pour eux qu’elles sont faites ; ils en sont uniquement la matière. La construction n’a été réellement élevée que pour garder et garantir les choses qu’on renferme dans la maison. C’est la vraie fin que s’est proposée l’architecte. Cette observation du reste est générale, et elle s’applique à toutes les autres choses qui, étant faites en vue d’une certaine fin, ne pourraient exister sans certains éléments nécessaires. Mais les choses ne sont pas faites en vue de ces éléments, qui n’en sont que la matière, avec la destination spéciale à laquelle on les emploie. Prenons encore un autre exemple : Pourquoi la scie est-elle faite de telle manière ? C’est pour qu’elle soit tel instrument servant à tel usage. Sans doute l’acte en vue duquel la scie est faite, la section, ne pourrait avoir lieu si la scie n’était point en fer ; et, par conséquent, il y a nécessité que la scie soit faite de ce