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toujours de la même façon ou même le plus ordinairement, si ce n’est toujours, on ne peut plus dire que c’est un accident ou un hasard : or, dans la nature, toutes les choses se produisent avec une immuable régularité, quand rien ne s’y oppose. D’ailleurs, il serait absurde de croire que les choses se produisent sans but, par cela seul qu’on ne verrait pas le moteur délibérer son action. L’art, non plus, ne délibère point ; et, dans une foule de cas, il n’a pas besoin de réflexion pour agir. Il est une cause externe des choses, tandis que la nature est une cause interne ; et il faudrait, pour que la nature et l’art procédassent de la même façon, que l’art des constructions navales, par exemple, fut dans les bois qui servent à la construction du navire ; et alors l’art agirait dans ce cas comme agit la nature. Mais, malgré cette différence, l’art sans délibérer se propose toujours un but, et la nature s’en propose un comme lui, sans avoir à délibérer davantage. On dirait un médecin qui, se sentant malade, se soigne lui-même avec toutes les ressources de sa science, sans avoir, d’ailleurs, à se consulter ni sur le mal qu’il ressent, ni sur le remède qu’il doit s’administrer.

Donc, en résumé, la nature est une cause qui agit en vue d’une fin, et nous n’hésitons pas à affirmer cette vérité.


IX.


Une hypothèse étant admise, on peut se demander si la nécessité, dans les choses de la nature, n’a qu’une existence uniquement relative à cette hypothèse même, ou