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et si, dans les animaux, il y avait "des créatures bovines à proue humaine," pourquoi, dans les plantes, n’y aurait-il pas eu des vignes à proue d’olivier ? Dira-t-on que c’est absurde ? J’en tombe d’accord ; mais, alors, pourquoi ne pas admettre qu’il y avait aussi de ces plantes contre nature, si les animaux présentaient de ces anomalies inconcevables qu’Empédocle se plaît à imaginer ? En poussant plus loin encore, il faut avouer que les germes ne devaient pas offrir alors moins de confusion que leurs produits.

Soutenir un système si extraordinaire, c’est nier absolument les choses naturelles ; c’est nier la nature ; car on comprend par choses naturelles, celles qui, étant mues continuellement par un principe qui leur est intime, arrivent à une certaine fin. De chacun de ces principes, il ne sort pas toujours, dans chaque espèce de choses, un résultat identique, pas plus qu’il n’en sort nu résultat arbitraire ; mais toujours le principe tend à un certain résultat, qu’il atteint à moins d’un obstacle qui l’arrête. Mais, dit-on encore en insistant, le pourquoi des choses et les moyens employés pour atteindre ce pourquoi, peuvent venir parfaitement du hasard. Par exemple, un hôte vient chez vous sans autre motif que d’y venir ; il y prend un bain pendant qu’il y est, absolument comme s’il était venu dans votre demeure tout exprès pour s’y baigner. Cependant, il n’y est pas venu le moins du monde avec cette intention, et s’il a pris un bain, c’est un simple accident, c’est un pur hasard ; car le hasard, ainsi que nous l’avons dit plus haut, doit se ranger parmi les causes accidentelles et indirectes. Mais cet exemple n’est pas aussi décisif qu’on le suppose ; en effet, quand une chose arrive