Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/248

Cette page n’a pas encore été corrigée

simple accident si le grain périt, comme c’en était un tout à l’heure, qu’il germât. En poussant ce raisonnement plus loin, qui empêche de dire également que la nature n’a eu aucune fin, et qu’elle a obéi encore à une loi nécessaire en constituant les dents de certains animaux, comme elle l’a fait : celles de devant aiguës et capables de déchirer les aliments ; les molaires, larges, plates et propres à les broyer ? Qui empêche de dire que la nature n’a pas du tout produit les dents en vue de ces fonctions diverses, mais que c’est là une simple concomitance ? Pourquoi ne ferait-on pas la même remarque pour tous les organes où nous croyons observer une fin et une destination spéciales ? Donc, toutes les fois que les choses se produisent accidentellement dans les conditions où elles se seraient produites, si elles avaient un but, elles subsistent et se conservent, parce qu’elles ont rempli spontanément et par nécessité les conditions indispensables. Mais elles périssent quand elles ne les ont pas remplies ; et Empédocle a bien raison de dire que ses créatures bovines à proue humaine, ses bœufs à visage d’homme ont disparu, parce que ces créatures ne pouvaient pas vivre dans les conditions où elles s’étaient produites. » Telle est l’objection qui résume en quelque sorte toutes les autres, et je ne lui ai rien ôté de sa force.

Pour moi, je repousse cette théorie de la nécessité, et je soutiens qu’il est impossible qu’il en soit ce qu’on prétend. Ces organes des animaux, dont on vient de parler, et toutes les choses que nous présente la nature, sont ce qu’elles sont d’une manière constante, ou du moins dans la majorité des cas. Or, ce n’est pas là du tout la condition