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et faisons bien voir d’abord comment la nature est une de ces causes qui agissent toujours en vue d’une fin. Ceci nous conduira à circonscrire la part de la nécessité dans les choses de la nature. C’est en effet à ce principe de la nécessité que tous les philosophes réduisent la cause dernière des phénomènes, quand après avoir exposé comment agissent, dans la nature, le chaud et le froid, et les principes de ce genre, ils ajoutent en définitive que ces principes sont et se produisent par une loi nécessaire. C’est si bien là le fond réel de leurs théories, que même quand ils ont l’air d’admettre encore une cause différente de la nécessité, ils ne font que toucher cette nouvelle cause, et qu’ils l’oublient aussitôt après l’avoir indiquée, soit que l’un ait recours pour expliquer les choses à l’Amour et à la Discorde, soit que l’autre ait recours à l’Intelligence.

Voici, dans toute sa force, l’objection qu’on fait à cette théorie qui prête des fins à la nature : « Qui empêche, dit-on, que la nature n’agisse sans but, et sans chercher le mieux des choses ? Jupiter, le roi des Dieux, ne fait pas tomber la pluie en vue du grain, pour le nourrir et le développer ; c’est simplement une loi nécessaire que la vapeur, en s’élevant dans l’air, s’y refroidisse, et qu’après s’y être refroidie, elle retombe sur terre en forme de pluie. Que si ce phénomène ayant eu lieu, le grain en profite pour germer et croître, c’est là un simple accident ; c’est un effet détourné. La nature ne pense pas plus à faire pousser le grain, qu’elle ne pense à le pourrir dans la grange où on l’a enfermé, lorsqu’il vient à s’y perdre par suite de l’humidité qu’ont provoquée des pluies trop fréquentes. C’est un